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CHINTAO YOSAI BAKUGEKI MEIREI

 

 
CHINTAO YOSAI BAKUGEKI MEIREI

Vo. 青島要塞爆撃命令

(Ordre de bombardement du fort Bismarck)

 

 

Année : 1963
Pays : Japon
Durée : 1 h 38 min.
Genre: guerre
Couleur

Réalisateur : Kengo FURUSAWA
Scénario : Katsuya SUSAKI

Acteurs principaux :
Makoto SATO (Lieutenant Maki), Yôsuke NATSUKI (Lieutenant Ninomiya), Yûzô KAYAMA (Lieutenant Kunii), Tôru IBUKI (cadet Shoji), Ryô IKEBE (Major Osugi), Susumu FUJITA (Secrétaire de Kato), Akihiko HIRATA (Lieutenant Yoshikawa).


Musique : Hachirô MATSUI
Photographie : Fukuzô KOIZUMI
Producteur : Tomoyuki TANAKA
Compagnie productrice : Toho Company

Avions :

  • Farman MF-VIII / Yokosho Marine Type Mo petit hydravion, réplique
  • Rumpler Taube, réplique

 

Notre avis :

Ce film relate, à sa façon, l'attaque du fort Bismarck défendant la ville chinoise de Tsingtao (Qingdao) occupée par les Allemands, alors que la première guerre mondiale avait commencé. Le siège de Tsingtao dura du 31 octobre au 7 novembre 1914.

Les principaux personnages de ce film sont les pilotes du premier corps d'aviation navale du Japon.

Dans la cadre de l'alliance entre le Royaume Uni et le Japon, ce dernier est chargé de s'emparer de Tsingtao, un port bien défendu. Les Japonais ont crée une petite unité composée de deux hydravions Farman, commandée par le major Osugi et cinq pilotes. Pour démontrer son utilité,  Osugi décide d'intervenir rapidement. Fin septembre 1914, les avions sont chargés sur le cargo Wakamiya et acheminés vers Tsingtao. Pour la première mission de reconnaissance, Osugi décide de bombarder, en plus, les tranchées allemandes avec ce qu'il trouve : des briques et des clous ! Il va être attaqué par un avion allemand mais pourra s'en sortir de justesse. L'escadron a établi une base avancée sur l'île de la Montagne Sacrée, près de la baie de Tsingtao. Sa population chinoise a sympathisé avec les Japonais, mais il se trouve qu'il y a parmi eux un espion. Ce dernier essaie de faire sauter le Wakamiya à l'aide d'une petite embarcation chargée de dynamite. Le pilote Ninomiya va le retrouver et le tuer. Sa sœur, Hakurey, est arrêtée et condamnée à mort, présumée être sa complice ! Le pilotes ne pouvant se résoudre à la fusiller sans preuve, organisent une fausse exécution; appliquant le règlement à la lettre, ils l'expulsent vers le contient chinois. Osugi a fait équiper un hydravion de bombes, alors que le second sera destiné à attirer le chasseur allemand. Le bombardement ne donne pas grand-chose, mais l'avion des pilotes Ninomiya et Maki a été descendu par l'avion allemand. Rescapés, ils vont être faits prisonniers. C'est à leur surprise que Hakurey apparaît dans leur prison et les fait condamner à mort pour avoir tué son frère. Cependant, sur le chemin du site de leur exécution, Hakurey précipite le véhicule qui les emmène dans un ravin et s'échappe avec eux ! Entretemps, la flotte allemande d'Extrême Orient se rapproche dangereusement de Tsingtao; il faut agir vite. Le rôle des hydravions est remis en question par l'état  major de la Marine. Une attaque de grande envergure est programmée, en mer comme au sol. Osugi veut alors crée un petit dépôt de munitions et de carburant sur une île proche de Tsingtao, où l'hydravion pourra se ravitailler, pour mieux bombarder le dépôt de munitions du fort Bismarck. C'est à ce moment que le Wakamiya saute sur une mine: malgré cela, l'hydravion peut être mis à l'eau et décoller. Il est intercepté par l'avion allemand, mais il parvient à l'abattre. Malgré les tirs allemands, il peut se ravitailler comme prévu et redécoller vers le fort Bismarck. A 8 heures du matin, le bombardement de la flotte commence ainsi que l'attaque au sol. L'hydravion repère le train qui approvisionne le fort Bismarck en munitions. Après plusieurs coups manqués, il finit par le toucher, alors qu'il vient d'entrer dans le tunnel conduisant au dépôt de munitions sous terrain. Ses wagons explosant un à un, le train va faire exploser tout l'entrepôt du fort !

Ce n'est pas un avion japonais qui a eu raison du fort Bismarck, mais les troupes au sol, appuyées par les canons de la Marine. Le film ne mentionne pas non plus les attaques effectuées par les hydravions sur les bateaux allemands. Ainsi, le 6 septembre 1914, un hydravion lancé par le Wakamiya attaqua avec des bombes, sans succès, le croiseur Kaiserin Elisabeth dans la baie de Qiaozhou.

Le 30 septembre 1914, le porte-hydravions Wakamiya heurta bien une mine mais ne coula pas. Ses hydravions furent transférés à terre, à Shazikou, puis ils furent basés à Laoshan Harbour, plus près de Tsingtao. Le Wakamiya a pu retourner au Japon pour réparation.

Ce film a bénéficié de très bons effets spéciaux, notamment pour la reconstitution des scènes aériennes, à une époque où on n'avait pas d'ordinateurs. Mais, certains détails laissent à désirer comme l'équipement des soldats allemands qui est assez approximatif, avec des casques de la seconde guerre mondiale surmontés d'une pique, pour les faire ressembler (un peu) aux casques à pointe prussiens, un armement japonais (fusils Arisaka type 38, mitrailleuses lourdes Type 3 Taisho 14…), une jeep CJ américaine, datant de la seconde guerre mondiale…Par contre, les avions correspondent aux vrais.

 

Les avions du film :

Vu son envergure, le nombre de ses mâts d'ailes (6 paires), son moteur de huit cylindres en V (comme un Renault 8B), ses deux places en tandem, la réplique construite pour le film ressemble bien à un Farman MF-VIII, plus petit que le MF-9, qui avait une plus grande envergure (8 paires de mâts d'aile) et fut importé plus tard. La réplique a été construite par un artisan spécialisé dans la construction de planeurs, à partir de pièces de l'appareil réel, conservées par la Dainippon Flight Association. Des modèles réduits en ont été également construits pour les effets spéciaux.

Quatre Farman MF.VIII furent importés en 1912. Vu sa simplicité de construction, ce modèle fut copié par l'arsenal de la Marine de Yokosuka, à partit de juillet 1913 et reçut la désignation "Yokosho Marine Type Mo Petit Hydravion".

La réplique est bien réalisée et exacte à part peut être le profilage très prononcé des flotteurs, les vrais flotteurs en bois de type Tellier étant plus profonds. La présence de fenêtres à l'avant du fuselage n'est pas certifiée; l'observateur-bombardier-commandant de bord n'avait pas de viseur. Vers la fin du film, quand l'avion veut bombarder un train de munitions, on voit juste l'observateur regarder, un instant, à travers une fenêtre graduée de 300 à 700 (?), dans le plancher de son poste, mais on ne voit pas du tout à quoi cela correspond, alors qu'il lance les bombes à la main…Les feux de position sur les ailes ne sont pas très véridiques non plus (où est la génératrice électrique ?). Par contre, certains détails, comme l'indicateur de vitesse Etévé fixé sur un mât d'aile, à gauche, est bien reproduit.

On voit que les avions, pour communiquer entre eux, utilisent des trompettes et des pavillons à main, ce qui était sans doute possible vu leur faible vitesse de croisière (autour de 75 km/h).

Le seul armement du Farman est à base de pistolets (Mauser C96) et de fusils mitrailleurs; celui de l'observateur ressemble, avec son magasin camembert, à un Lewis, mais, c'est apparemment une arme factice. Quant à ses bombes, elles étaient l'équivalent d'obus de 12 livres (6 kg).

Quand la campagne de Tsingtao éclata en septembre 1914, trois Farman importés de type "Mo Petit Hydravion" et un également importé de type "Mo Grand Hydravion" furent acheminés par le transport d'hydravions "Wakamiya", pour participer à la campagne. Un cinquième de type "Mo Petit Hydravion", construit au Japon, les rejoignit bientôt. Opérant en compagnie des avions de l'Armée (non vus dans le film), ils ne purent venir à bout de leur cible principale, le croiseur "Kaiserin Elisabeth" en baie de Baie de Qiaozhou (Jiaozhou) et ne réussirent qu'à couler une vedette lance-torpilles. Les hydravions bombardaient également les positions allemandes, les centres de commandement, de communications, dans la péninsule de Tsingtao. Ils effectuèrent aussi de nombreuses missions de reconnaissance quotidiennes. Ces appareils, réussirent à faire 49 sorties en deux mois, lors desquelles ils lancèrent 199 bombes.

Le second avion du film est un Etrich Taube allemand, un avion produit avant guerre par plusieurs constructeurs, dont Rumpler, son modèle se rapprochant le plus de celui du film. La réplique construite a surtout été utilisée pour les vues rapprochées du cockpit. L'avion n'est vu qu'en vol et souvent de loin. Mais le haubanage de l'aile supérieure ne correspond pas à celui d'un Rumpler Taube. Sur l'original, les ailes étaient soutenues par deux mâts en V inversé installés entre les deux cockpits, et non, comme ici, par un mât vertical unique. En outre, on ne sait à quoi servent les mâts pyramidaux situés devant, qui n'existaient pas sur le vrai modèle. Ils se rapprochent plus des mâts du Rumpler Taube construit, en 1915, par le Japonais Onokichi Isobe et qui fut dénommé "Kaizo" (modifié) Rumpler Taube.

En outre, son armement, constitué d'une mitrailleuse mobile sur support de type 92 (Lewis LMG de 7.7 mm), sans doute factice, elle aussi, alimentée par un magasin camembert de 97 cartouches et fixée juste derrière le moteur, n'est pas conforme. Aucune mitrailleuse n'équipa les Taube, l'équipage n'emportant, comme les Japonais, que des pistolets ou des carabines. C'est du poste arrière que l'on avait d'ailleurs le meilleur champ de tir et pas à quelques centimètres de l'hélice. Dans le film, on voit d'ailleurs l'observateur tirer pratiquement à travers l'hélice, sans problème !

Les évolutions, tonneaux, looping, que le Taube fait, posent un autre problème. C'était un avion stable, mais avec sa petite dérive, il avait des problèmes de direction et de contrôle latéral; il tournait très lentement et n'était pas aussi maniable que cela. Très populaire avant 1914, il fut très vite remplacé au début de la guerre par des appareils plus performants.

Les Allemands à Tsingtao possédaient deux Taube dont un seul resta disponible, piloté par le lieutenant Gunther Plüschow qui eut à faire face aux avions japonais. Il fit seulement des vols de reconnaissance. Il revendiqua néanmoins un Farman, abattu avec son pistolet (et pas avec une mitrailleuse). Le 7 novembre 1914, peu avant la chute de Tsingtao, il put s'enfuir vers Shanghai en emportant des documents secrets et il ne fut pas abattu comme dans le film.

 

Christian Santoir

*Film disponible (en Anglais) sur www.rarewarfilms.com

 

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