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CET HOMME EST UN REQUIN

 

CET HOMME EST UN REQUIN

Vo. Cash McCall

 

 

Année : 1960
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 42 min.
Genre : drame
Couleur

Réalisateur :Joseph PEVNEY
Scénario : Lenore J. COFFEE, Marion HARGROVE

Acteurs principaux :
James GARNER ("Cash" McCall), Natalie WOOD (Lory Austen), Nina FOCH   (Maude Kennard), Dean JAGGER (Grant Austen), E.G. MARSHALL  (Winston Conway), Henry JONES (Gilmore 'Gil' Clark)

Musique : Max STEINER
Photographie : George J. FOLSEY
Producteur : Henry BLANKE
Compagnie Productrice : Warner Bros.

Avions :

  • -Curtiss C-46 Commando, en arrière-plan
  • -Douglas A-26 Invader, N36B
  • -North American B-24 Mitchell, en arrière-plan


Notre avis :

Un des premiers films du réalisateur et acteur, Joseph Pevney, fut un film de propagande, "Air cadet" (1951). destiné à favoriser le recrutement des pilotes de l'USAF, au moment de la guerre de Corée. Puis, il passa du film d'épouvante au western, du thriller au film de guerre, en passant par l'aventure exotique et le polar. En 1960, sortit ce film, sur le monde impitoyable de la Finance, mettant en scène un jeune industriel qui ne cherche qu'a accroitre sa fortune en rachetant des entreprises en difficulté. La même année, Pevney reviendra à l'aviation, avec "The crowded sky", un film sur l'engorgement du trafic aérien au-dessus des USA, qui préfigurait les films catastrophes des années 70.

Grant Austen, le directeur de Austen Plastics, pense à la retraite. Quand Scotfield Industries, de loin son plus gros client, le menace de changer de fournisseur, il pense à vendre son entreprise. Il loue alors les services d'une société de conseil qui trouve un repreneur potentiel en la personne d'un certain Cash McCall. Ce dernier rencontre Austen et sa fille Lory, qui détient des parts de l'entreprise. Austen ne lui parle pas de ses problèmes avec Scotfield. Un peu plus tard, Cash rappelle à Lory, leur rencontre lors de l'été précédent, quand il la vit pour la première fois et qu'il tomba amoureux d'elle. Mais il n'était pas alors disposé à s'engager dans une relation  sérieuse et Lory l'avait mal pris... Peu intéressé par la société d'Austen, il décide néanmoins de la racheter, juste pour la revoir. Avant que l'affaire soit conclue, l'assistant de Cash, Gil Clark, découvre qu'Austen Plastics détient des brevets essentiels pour la survie de Scotfield Industries. Son PDG, le général en retraite, Danvers, essaie alors de racheter Austen Plastics. Mais Cash envisage d'entrer dans le capital de Scotfield, en vue d'en prendre le contrôle, à terme. Entretemps, Cash a demandé la main de Lory, qui accepte. Mais la directrice de l'hôtel où il réside, Maude, a des vues sur lui et se fait passer auprès de Lory, pour sa maîtresse. Un des amis d'Austen le convainc que Cash a essayé de l'avoir en faisant une offre très sous évaluée pour son entreprise. Il conseille Austen de l'attaquer en justice. Après une explication orageuse entre Austen et Cash, tout est cependant éclairci, et ils se réconcilient, au grand soulagement de Lory qui a appris, en outre, que Maud était le manager de l'hôtel, sans plus ! Cash demande à Gil de ne pas revendre la société Austen après l'avoir relancée, et demande à Austen de rester dans le conseil d'administration, comme son conseiller particulier.

Plus d'un demi siècle plus tard, le scenario de ce film reste d'une étonnante actualité. Spéculations boursières contre économie "réelle", revente d'usines qui dégagent des bénéfices, violence du monde des affaires et de la Finance, économie mondiale dominée par le profit immédiat, sont toujours matières à débats. En France, le personnage de "Cash" McCall, rappellera inévitablement un célèbre homme d'"affaires" (dans tous les sens du terme) qui revient régulièrement sur le devant de la scène. Ainsi, un autre titre français aurait été possible : "Cash Bernard T….".

 

Les avions du film :

Une des deux seules scènes aériennes du film a été filmée sur le Lockheed Air Terminal de Burbank (ex. United airport). L'autre montre un petit terrain californien, situé au milieu des montagnes, avec une piste en dur, non identifiable.

Le seul avion du film est un ancien avion d'attaque au sol, un Douglas A-26 Invader. De couleur jaune avec ses fuseaux moteurs noirs (une décoration qui rappelle les avions de lutte contre les incendies de forêt ou d'épandage agricole) il est, en 1959 (le film fut tourné dans le second semestre de 1959) transformé en avion d'affaires. La tourelle supérieure a été enlevée mais on voit très bien son emplacement qui n'a pas été modifié. Le poste du mitrailleur a été recouvert d'une simple tôle, de même que le cockpit, dont le toit a conservé sa forme courbe, le dos du fuselage n'ayant reçu aucune modification quant à sa forme. Il en est de même du nez de l'appareil qui a été simplement débarrassé de ses mitrailleuses. La soute à bombe a été scellée et on y aménagé une trappe comportant des marches pliables, ouvrant à contre sens de la marche, sur le coté gauche. Comme on le voit dans le film, il fallait se pencher pour accéder à la cabine par cet escalier (air stair) peu commode (attention à la tête !). La cabine ne comporte que deux fenêtres rectangulaires situées à l'aplomb du borde fuite de l'aile. Il s'agit donc là d'un des premiers modéles de transformation de l'A-26 en avion civil, réalisé, à l'époque, par plusieurs sociétés, dont R.G. Le Tourneau à Longview (Texas), Grand Central Aircraft Company de Glendale (CA), On Mark Engineering Company de Van Nuys (CA), L.B. Smith Aircraft de Miami (FL), et Wold Corporation de New York.

La cabine, montrée dans le film, a été reconstitué en studio, car ses dimensions n'ont rien à voir avec l'intérieur d'un vrai A-26 où l'espace était compté, et ressemble plutôt à ce que sera celle d'un jet d'affaires actuel. La largeur du A-26 était assez restreinte, pas plus d'1 m30, et il était impossible de passer entre deux sièges, d’où l'utilisation de sièges montés sur glissières et souvent d'une banquette allongée façon divan, située le long de la paroi. On n'accédait pas au cockpit par une porte; seules  les conversions réalisées par L.B. Smith, avec leur modèle Tempo II, permettait un libre accès au poste de pilotage, moyennant la suppression des longerons de l'aile qui traversaient la cabine et d'une profonde modifications du fuselage. Mais dans l'avion du film, plus proche de ses origines, pour passer de la cabine au cockpit, il fallait ramper sous le longeron avant de l'aile pour y accéder…Au sol, les pilotes pouvaient entrer par la canopée qui s'ouvrait en deux parties, comme on le voit quand McCall quitte le parking.. Le tableau de bord est assez réaliste, avec son écran radar au milieu. Mais ce n'est pas celui du N36B (les montants du pare-brise ne correspondent pas). En fait, cabine et cockpit ressemblent plus à ceux d'un Lockheed Super Ventura ou d'un Lockheed Howard (250, 350).

L'identification de l'avion immatriculé "N36B" paraît a priori facile. Selon le site "http://vectaris.net/", consacré au Douglas A/B-26 Invader, ce serait le A-26B s/n 44-34713, mais cet avion n'a jamais été immatriculé "N36B", mais "N36BB", et non pas en 1959, mais en 1966 ! Le problème est qu'il y a un autre A-26 ayant porté le matricule N36B, le s/n  43-22258 (http://www.warbirdregistry.org/a26registry/a26registry.html) et, peut être,aussi  le A-26 s/n 43-22528…

Si on regarde les dates des immatriculations, le seul avion qui était immatriculé "N36B" en 1959 est le s/n 43-22258 (c/n 18405) (Cf. "Warbirds directory", third edition, 1996/sixth edition 2013). Il avait été d'abord immatriculé N1469V, au nom d'un propriétaire inconnu, avant d'être reimmatriculé N36B, au moment du tournage. En 1963, il fut acquis par B.B. ranch de Ventura (CA) et son immatriculation changea en "N36BB", un matricule qui sera attribué au s/n 44-34713, en 1966, quand le s/n 43-22528 sera acquis par Hughes Aircraft Corp. de Culver City (CA), avec le nouveau matricule "N94445"…Le N36B aurait été transformé par On Mark, en Marketeer, mais le modèle du film est plus proche du modèle Executive, moins évolué, mais il n'a pas les petits hublots au-dessus de l'aile. Le Marketeer avait un fuselage remodelé, un nez allongé (avec radome), des réservoirs de bouts d'ailes et, le plus souvent, une porte ouvrant sur le côté droit du fuselage. En 1979, le N94445 fut acheté par Asher Ward, un vendeur d'avions de Van Nuys (CA), qui le revendit à Wally McDonnell, un pilote de course de Mojave (CA), mais cet appareil ne semble pas avoir participé à une quelconque compétition. En 1985, on le retrouve exposé sur la base de l'USAF de Grand Forks (ND), avec un faux serial (s/n 44-34220) et restauré avec un nez de B-26.

Quand McCall et Lory arrivent à l'aéroport de Burbank, on aperçoit en arrière plan, de nombreux petits avions de tourisme américains, typiques de l'époque : Piper Cub, Piper Tri-Pacer, Stinson 108-3, Luscombe 8, un autre Douglas A/B-26, trois Lockheed Harpoon (sans doute des appareils réformés provenant d'une unité de réserve de l'US Navy) et un North American T-28A Trojan, portant une immatriculation civile "N9854C" ( s/n 49-1642, c/n 159-154). 

Quand l'A-26 décolle de la piste 26 du Lockheed Air Terminal de Burbank, il passe devant un Douglas DC-3, un North American B-24 Mitchell et un Curtiss C-46 Commando. En 1959, il y avait encore beaucoup de warbirds, convertis en transports civils.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur www.amazon.fr

 

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