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BROKEN JOURNEY

 

BROKEN JOURNEY

 

Année : 1948
Pays : Grande-Bretagne
Genre : drame
Durée : 1 h 29 min.
Noir et blanc

Réalisateurs : Ken Annakin, Michael C. Chorlton
Scénario : Robert Westerby<

Principaux acteurs :<
Phyllis Calvert (Mary Johnstone), James Donald (Bill Haverton), Margot Grahame (Joanna Dane), Francis L. Sullivan (Perami), Raymond Huntley (Edward Marshall), Derek Bond (Richard Faber), Guy Rolfe (Fox), Sonia Holm (Anne Stephens), Grey Blake (John Barber), David Tomlinson (Jimmy Marshall)

Musique : John Greenwood
Photographie : Jack E. Cox
Producteur : Sydney Box
Compagnie productrice : Gainsborough Pictures

Avions :

  • Douglas DC-3, "F-XGPI"
  • Morane Saulnier 502 Criquet, F-BBUI
  • Potez 43.1, F-AMPI

 

Notre avis :

Ce film catastrophe est inspiré d'un fait réel survenu le 19 novembre 1946. Un C-53 américain parti de la base de Tullin (Vienne) à destination d'Istres, se posa sur le glacier de Rosenlaui, dans les alpes bernoises. Son équipage et ses passagers furent secourus quatre jours plus tard. Ce fait divers qui fit la une des journaux, est relaté dans le film, dont le scénario s'inspire du récit des rescapés. Seule la liste des passagers est quelque peu différente. Les vrais passagers étaient des officiers supérieurs et leur famille, dont quatre femmes et un petite fille de onze ans, et ils représentaient un milieu social trop homogène. Le scénariste met donc en scène dix passagers avec, entre autres, un chanteur d'opéra imbu de sa personne, une actrice de cinéma et son petit ami, un rescapé des camps de concentration, deux frères, un malade emprisonné dans un poumon d'acier et son infirmière, sans oublier les deux pilotes dont l'un est amoureux de l'hôtesse qui sort avec un autre…On a donc ici les ingrédients classiques d'un bon film catastrophe avec des personnalités bien contrastées, prêtes à s'affronter au moindre événement. Le réalisateur Ken Annakin était un ancien de la RAF, et tournera dix sept ans plus tard, un autre film d'aviation, "Ces merveilleux fous volants avec leurs drôles de machine".

L'histoire commence dans un aéroport tchécoslovaque (Prague ?) où un DC-3 de la compagnie Fox Airline s'apprête à décoller avec une dizaine de passagers très divers, dont un ténor, une actrice, et un malade dans son poumon d'acier. Arrivé au dessus des Alpes, un des moteurs a un problème et commence à émettre de la fumée. Sur un seul moteur, l'avion ne peut conserver son altitude et doit se poser en urgence. Le commandant de bord choisit un pan de montagne légèrement incliné, droit devant lui. L'avion atterrit plutôt bien, et la cabine de l'avion est intacte. Mais le ténor se plaint que ses disques soient cassés, et la star, que sa trousse à maquillage soit abîmée…La radio reste muette malgré les appels de détresse envoyés. La nuit, sévit une tempête, et le lendemain, il faut dégager la neige pour rendre l'avion plus visible. Il y a peu de nourriture à bord et on doit la rationner. Le copilote et trois hommes partent en reconnaissance. Mais l'un d'entre eux tombe dans une crevasse et le copilote continue seul, alors que les autres retournent à l'avion. Des avions passent dans le ciel sans les voir. Les batteries de la radio sont maintenant épuisées, et les rescapés n'ont plus aucun moyen de signaler leur position. C'est alors que, la nuit, le malade demande au commandant d'utiliser la batterie de son poumon artificiel, lui affirmant qu'il pourra très bien respirer sans son aide pendant quelques minutes. Le commandant peut ainsi envoyer un nouveau message de détresse, et établir, enfin, une liaison avec le centre de contrôle de St Brais. Mais quand il rapporte la batterie, le malade est mort ! Peu après l'avoir enterré, un petit avion apparaît à basse altitude, mais il s'écrase en essayant d'atterrir. Le troisième jour, ils sont cependant secourus par des avions qui leur parachutent des vivres. Le pilote du petit avion, qui est sauf, les rejoint bientôt. Bien qu'il ne parle pas anglais, il signale au commandant de bord la présence du refuge de St Christophe, situé pas très loin du lieu du crash. La nuit, l'infirmière ne pouvant supporter la perte de son patient et ami, s'éloigne seule dans le froid; on ne la retrouvera pas. Le commandant de bord part avec trois hommes, dont le chanteur et l'ancien prisonnier des camps. En route, ils retrouvent le copilote. Arrivés à proximité du refuge, ils ne peuvent franchir une vaste crevasse. Le chanteur, malgré ses réticences, se dévoue et crie à plein poumon au risque d'abîmer sa voix. Devant le peu de réaction au refuge, le prisonnier part seul vers le refuge. Ils sont finalement sauvés par les guides qui les avaient déjà repérés; le ténor a perdu sa voix pour rien ! Les colonnes de secours parviennent enfin à l'avion. Les rescapés sont ramenés dans la vallée dans de petits avions. L'hôtesse retrouve le copilote, mais la femme du rescapé des camps attendra en vain, celui-ci ayant disparu.

Ce film comporte certains détails curieux. L'avion part de Tchécoslovaquie et il se crashe dans les Alpes françaises; mais le commandant contacte le centre de contrôle (sans doute fictif) de St Bray, une petite localité située dans le jura suisse, alors que Genève aurait été plus proche…Les passagers sont sauvés par des Français, le DC-3 est également français, mais l'équipage est anglais. Néanmoins, au début du film, le commandant de bord est traité de "grenouille" (autrement dit de Français !) par le malade, avant le vol…Il y a donc beaucoup de Français dans cette affaire, alors qu'en réalité, tout s'est passé entre Américains et Suisses. L'avion était un appareil militaire de l'USAAF, et les secours furent organisés conjointement par l'armée américaine, et les Suisses, même si des avions anglais et français participèrent aux parachutages des secours.

Le véritable avion n'eut pas d'ennuis moteur, et c'est le pilote qui fit une erreur de navigation. A partir de Chur, l'avion mit le cap sur le radiophare de Lyon, à travers les Alpes bernoises en prenant un niveau de vol beaucoup trop bas (3340 m). Etant entré dans les nuages, et navigant aux instruments, l'avion subit plusieurs fortes turbulences, avant de tomber dans un trou d'air et d'"aller au tapis". Il se crasha au pied du Rosenhorn qui culmine à 3689 m ! L'avion se posa bien à plat, à flanc de montagne, à sa vitesse de croisière (280 km/h), et fut stoppé par une épaisse couche de neige poudreuse, en à peu près 80 mètres ! Le C-53 était quasiment intact, mais à l'intérieur, c'était le chaos; les passagers avaient été précipités, attachés sur leur siège, vers l'avant, et il y avait huit blessés dont un grave. Malgré cela, la radio marcha dés le début. Les centres d'Orly et d'Istres eurent quelque mal à localiser le lieu du crash. On le situa d'abord dans le massif du mont Blanc, puis en Suisse, entre Sion et Airolo, ce qui était exact. Cette position fut obtenue, le jeudi, soit deux jours après le crash. L'avion était entouré de crevasses qui bougeaient, et personne n'essaya de tenter sa chance à pied à travers le glacier, comme dans le film. L'avion fut trouvé par un B-29 américain, le vendredi matin. Peu de temps après, de nombreux avions, parmi lesquels des C-47, des B-17 et des B-29 américains, des Lancaster anglais et des transports français, leur parachutèrent une abondance de vivres et de vêtements, au point que les survivants craignirent un instant pour leur vie, sous ce véritable bombardement; le vrombissement des appareils risquait aussi de provoquer des avalanches ! Deux petits avions suisses arrivèrent le samedi matin, et parachutèrent des boissons chaudes. Ils annoncèrent aux survivants l'arrivée d'une colonne de secours, qui mit onze heures pour les rejoindre. Les blessés les plus graves furent évacués dans les petit avions qui réussirent à se poser à proximité, les autres, à pied, ou sur des traîneaux. La radio sauva finalement les passagers. Les sauveteurs suisses furent étonnés de trouver l'avion presque intact et les passagers vivants après quatre jours passés à plus de 3000 m d'altitude, avec des températures de moins quinze degrés, la nuit. Le pilote, fils d'un général, et dont la mère était à bord, reçut un blâme pour avoir essayé de voler 300 mètres plus bas que les sommets, et son avancement en pâtit. Il ne fut jamais général comme papa…

 

Les avions du film :

L'avion qui se posa sur le glacier était un Douglas C-53D Sky trooper (s/n 42-68846) militaire, appartenant à l'European Air Transport Service. Il est remplacé dans le film par un DC-3 de la compagnie fictive "Fox Airways", muni d'un matricule français non moins fictif : F-XGPI. D'autres DC-3 et un DC-4 sont vus sur un aéroport anglais non déterminé. On peut, ainsi admirer au passage un beau Vickers Viking 1B.

L'avion de secours qui s'écrase dans la montagne est un Morane Saulnier 502 Criquet (un Fieseler Storch à moteur Salmson) français (n° 544, F-BBUI). Les Suisses utilisèrent effectivement deux Storch militaires équipés de skis. On revoit cet avion à la fin du film, quand il ramène les rescapés sur un petit terrain, dans la vallée. Il y est bientôt suivi par un Potez 43.1 (n° 3448, F-AMPI) muni de skis. Cet appareil était un rescapé de la guerre. Acquis en 1933, il avait appartenu un temps, à l'aéroclub de la Somme, son destin ultérieur étant inconnu.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur https://ok.ru/video/

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