49ème PARALLELE
Vo. 49Th PARALLEL
Année : 1941
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 53 min.
Genre : guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Michael Powell
Scénario : Emeric Pessburger, Rodney Ackland
Acteurs principaux :
Richard George (Commandant Bernsdorff), Eric Portman (Lieutenant Hirth), Raymond Lovell (Lieutenant Kuhnecke), Niall MacGinnis (Vogel), Peter Moore (Kranz), John Chandos (Lohrmann), Basil Appleby (Jahner), Laurence Olivier (Johnnie, le trappeur), Finlay Currie (l’agent du comptoir), Ley On (Nick, l’esquimau), Anton Walbrook (Peter), Glynis Johns (Anna), Charles Victor (Andreas), Leslie Howard (Philip Armstrong Scott).
Producteur : Michael Powell
Musique : Ralph Vaughan Williams
Photographie : Freddie Young
Compagnie productrice : Ortus Films
Avions :
- -Douglas B-18 Bolo, document.
- -Fairchild F.71C, CF-BJE
- -Lockheed 14.H2, CF-TCM
- -Lockheed Hudson Mk.1, document.
Notre avis :
Commandé par le Ministère de l’Information britannique pour attirer l’attention du monde (et des Etats-Unis en particulier) sur la menace nazie, ce film était aussi destinée au public canadien, alors que de nombreux Canadiens d’origine française, n’étaient pas favorables à une guerre contre l’Allemagne. Quand la conscription fut décrétée il y eut des manifestations au Québec, les sentiments anti-anglais y étant encore très vifs, après la déportation des Acadiens en ..1755.
Le 49° parallèle est le degré de latitude qui constitue la frontière entre le Canada et les Etats- Unis, présentée dans le film comme « la seule frontière au monde qui ne soit pas gardée, mais a été acceptée avec une simple poignée de main ». Le sous-entendu était clair. Avec le Canada déjà impliqué dans la guerre, en tant que pays du Commonwealth, l’Amérique et ses valeurs de liberté, d’équité, de tolérance, étaient directement menacées. Le film comporte de nombreuses discussions entre les fugitifs allemands et des trappeurs, des émigrés allemands, un intellectuel raffiné, sur les mérites comparées de la démocratie et du nazisme. En dehors de ces plaidoyers, le film n’est qu’une course poursuite à travers le Canada, de la baie d’Hudson aux chutes du Niagara, en passant par les Rocheuses ! Cela a au moins l’attrait de nous montrer quelques paysages magnifiques (Terre Neuve, Baie d’Hudson, Winnipeg, Banff, Lac O’Hara) de ce beau et grand pays. Quant aux avions, s’ils ne sont pas rares, ils sont très peu présents à l’écran, hélas !
La menace allemande dans le film prend la forme d’un sous-marin allemand, l’U-37, qui a été repéré alors qu’il vient de couleur un pétrolier, à l’entrée du St Laurent. Suivi de près par le centre de contrôle du Coastal Command canadien d’Halifax, le sous marin pense se réfugier dans la baie d’Hudson. Mais il y est coulé par des avions. Juste avant, une petite escouade de six hommes était descendue à terre, sous le commandement du lieutenant Hirth, pour chercher du ravitaillement. Sans possibilité de retour, les Allemands se rendent au petit comptoir de traite de Wolstenholme (actuel Ivujivik) et retiennent captifs un trappeur et le chef du poste. Quand ils entendent à la radio qu’ils sont recherchés, ils s’emparent d’un hydravion dont ils tuent l’équipage, pour rejoindre les Etats-Unis, un pays neutre à l’époque. Mais l’avion en panne de carburant s’écrase dans le lac Winnipeg. Le pilote est tué. Les rescapés parviennent à une ferme gérée par une communauté huttérite composée d’émigrés allemands. Ils sont bien accueillis et on leur donne du travail. Mais quand le lieutenant Hirth essaie de les convertir au nazisme, rien ne va plus. Les nazis tuent un de leur camarade qui avait montré de la sympathie pour ces gens pacifiques. Ils ne sont plus que trois, et décident de partir. Ils parviennent à Winnipeg où ils apprennent que l’on a retrouvé leur avion et qu’ils sont activement recherchés dans la région. Ils décident alors de se diriger vers Vancouver, pour déjouer les recherches. En Allemagne, on est au courant de la traque, et les fugitifs font figure de héros. En route, ils assomment un automobiliste pour s’emparer de son véhicule. Puis ils continuent en train. A la halte de Banff, lors d’une fête indienne, ils se font repérer par la Police Montée, et un des trois est arrêté. Les deux autres, dont le lieutenant Hirth, s’enfuient dans la montagne. Ils y rencontrent un romancier objecteur de conscience, Philip Armstrong Scott, installé dans un campement de tentes indiennes, avec ses tableaux de maîtres ! Devant les agissements de ses hôtes, l'écrivain a tôt fait de réviser son jugement...Un Allemand est fait prisonnier par ses compagnons, mais le lieutenant Hirth s’échappe. Il repart en sens inverse, vers Niagara Falls. Passager clandestin d'un train de marchandises, il voyage en compagnie d’un soldat qui va s’engager. Grâce à l'action de ce dernier, il est refoulé vers le Canada à la dernière minute, alors que le train vient d’arriver sur la rive américaine du Niagara...
Le sous marin U-37 a bien existé et fit plusieurs missions dans l’Atlantique nord, en 1940-41, mais ne fut pas détruit. En avril 1941, après avoir coulé cinquante cinq navires, il fut retiré des opérations, et devint un bâtiment école. Le faux U-37 fut construit dans les chantiers navals d’Halifax. Cette maquette grandeur réelle était en bois, comme on le voit quand elle explose, et que les planches s’envolent dans tous les sens.
Le film eut un immense succès commercial, dépassant même celui du « Dictateur » de Charlie Chaplin, au box office. Emric Pressburger reçut un Oscar pour le meilleur scénario. Sorti le 5 mars 1942 au Etats-Unis, il n’avait plus besoin de convaincre le peuple américain de la nécessité de sa participation au conflit mondial, les Japonais ayant décidé à sa place, quatre mois plus tôt. Avec le recul du temps, ce film apparaît comme un des nombreux films de propagande patentés, tournés sur commande de l’Etat, avec un message très clair, écrit en traits appuyés. Les acteurs, Laurence Olivier, Anton Walbrook, Leslie Howard, Raymond Massey.. sont excellents et ont participé à l’effort de guerre, non seulement en tournant ce film dont le scénario n’est pas à la hauteur de leur talent, mais aussi en acceptant des cachets moins importants. Quant à Leslie Howard, il participa à plusieurs films patriotiques (« Pimpernel Smith » 1941, « First of the few » 1942, « War in the Mediterranean » 1943, « In which we Serve »1942) avant de disparaître au dessus de l’Atlantique après une tournée de conférences au Portugal et en Espagne. Vu son engagement pour la cause alliée, on prétendit même qu’il avait été abattu sur ordre de Berlin !
Les Allemands sont caricaturés comme de purs fanatiques, n’hésitant pas à tuer tous ceux qui ne suivent pas les préceptes du Führer. Ce portrait est à peine atténué par la présence parmi eux, d’un marin croyant et pourvu d’une conscience, qui essaie d‘arranger les choses, mais qui le paiera de sa vie. Les scénaristes ont donc essayé d’éviter les simplifications trop hâtives ; certes, tout n’est pas blanc ou noir, mais il est vrai qu’en Europe, en 1941, il y avait plus de noir que de blanc.
Les avions du film :
Ce film n’est pas un film d’aviation, les acteurs principaux étant des sous-mariniers. Il y a pourtant des avions. Ainsi, on fit appel à un Fairchild F.71C (c/n 1203) (CF-BJE) de la compagnie Canadian Pacific Airlines, un type d'avion, très utilisé par les pilotes canadiens. Il sera détruit à l’atterrissage en mai 1943, à Franquelin (Québec). Quand il capote à l’amerrissage, avec son chargement de nazis, il est remplacé par une maquette de fuselage portant une immatriculation différente (CF-A**).
Tous les autres avions visibles sont tirés de documentaires. Lors de l’attaque du U-boat, on voit décoller un Lockheed Hudson Mk.1 (OY-F) du squadron 11 de la RCAF, une unité basée au Canada comme l’indique ses codes soulignés. Plus tard, on en voit une formation de trois (dont le OY-P), mais ce sont des Douglas Digby Mk.1 (dont le 744), autrement dit des B-18 Bolo (issus d’une commande d’une vingtaine d’appareils livrée en 1940), qui achèvent le travail. Ces bombardiers patrouilleurs coulent consciencieusement le sous-marin allemand avec pas moins de neuf bombes !
Enfin, le lieutenant allemand emprunte un Lockheed 14.H2 (c/n 1476, CF-TCM) de Trans Canada Airlines, pour quitter les Rocheuses.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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